Comment optimiser l’apprentissage : la théorie de la charge cognitive de John Sweller

Cet article présente seulement une petite partie du travail de John Sweller. Il a pour but de vulgariser ses propos à des fins d’information.

Le système cognitif selon John Sweller


Lorsque nous parlons de mémoire, il y a 2 systèmes à distinguer : la mémoire de travail et la mémoire à long terme.


La mémoire de travail (ou mémoire à court terme si vous préférez !) garde les informations pendant un laps de temps très court (pas plus de 30 secondes) ! Elle peut s’apparenter à une usine de tri des informations. Son rôle est de traiter, d’analyser puis d’envoyer les informations dans la mémoire à long terme : c’est ce qui s’appelle l’encodage. C’est bien simple, si la mémoire de travail n’est pas sollicitée, l’information disparaît à tout jamais ! Son point faible : la distraction. Exemple : votre collègue vous parle d’un excellent restaurant à tester et vous êtes interrompus en pleine discussion par votre responsable. Impossible de vous souvenir du nom ni de l’endroit où il se trouve… Il n’y a plus qu’à lui redemander !


Dans la mémoire à long terme, nous stockons tout ce que nous devons et savons faire. Sa capacité de stockage est illimitée ! C’est l’endroit où se trouvent par exemple nos souvenirs et nos automatismes. Son point faible : elle doit être sollicitée de temps en temps (grâce à la mémoire de travail).


Prenons un exemple : si vous arrivez à lire notre article aujourd’hui, c’est parce que vous avez appris à lire. Dans ce contexte, votre mémoire de travail a été sollicitée à maintes reprises (ainsi que vos sens !) :
• Grâce à de l’entraînement à la lecture (à haute voix ou dans sa tête) : mémorisation de la prononciation et de la représentation visuelle des mots.
• Également grâce à l’écriture : activation une nouvelle fois de la représentation visuelle.


Une réactivation régulière de ces informations sur une longue durée a permis le stockage dans la mémoire à long terme.


Attention donc à ne pas noyer votre mémoire de travail sous un flot d’informations, de tâches, car elle n’arrivera pas à toutes les traiter en même temps ! Nous parlons alors de surcharge cognitive lorsque la quantité d’information ou l’effort demandé est trop important.

Les réflexes à adopter en tant que concepteur pédagogique pour éviter la surcharge cognitive et ainsi optimiser l’apprentissage


Voici quelques conseils afin d’alléger la charge cognitive de vos apprenants lorsqu’ils sont en situation d’apprentissage.


• Diminuer la densité de texte


Que ce soit en e-learning ou même en classe virtuelle, veillez à rendre vos présentations les plus claires possibles. Il s’agit ici de hiérarchiser les contenus, de les présenter aussi sous différentes formes : par exemple une petite bulle d’information sous forme de pop-up, ou encore des schémas avec des informations explicatives qui sont cachées dans un premier temps et que l’apprenant doit lui-même révéler. L’apprenant peut ainsi se représenter plus facilement les informations contenues dans un texte sans que cela lui demande un effort important.


• Éviter « l’effet de dissociation » et « l’effet de redondance »


Allez à l’essentiel.


L’effet de dissociation de l’attention se caractérise par des « difficultés à traiter des sources d’informations multiples » mais isolées. Cela a pour risque de perturber la concentration de l’apprenant. Prenez donc soin de ne pas surcharger vos présentations ou vos modules e-learning d’animations par exemple, qui doivent être utilisées avec parcimonie. L’animation oui, mais idéalement lorsque l’apprenant peut lui-même contrôler son déroulement.


L’effet de redondance se caractérise par une même information présentée plusieurs fois et dans le même canal sensoriel. Le cerveau doit donc traiter plusieurs fois cette même information. Cela avantage les apprenants novices, qui n’ont pas de connaissances préalables et qui pourront mieux intégrer les informations, contrairement aux apprenants experts qui seront gênés. Par ailleurs, si la même information est traitée à l’aide de deux modalités différentes, alors il sera possible de traiter l’information plus facilement.


• Utiliser deux modalités didactiques


Favorisez la répétition par différents canaux sensoriels en privilégiant le synchrone. Autrement dit, la capacité de la mémoire de travail serait augmentée lorsqu’on mobilise à la fois le canal visuel et le canal auditif. N’hésitez donc plus lors de vos présentations à associer une image à son texte ou encore à recourir à l’usage de vidéos (qui associent du texte et du son) lorsque l’information à traiter est particulièrement complexe ! Vous pouvez également expliquer et montrer un schéma en même temps, lors de vos animations en formations présentielles, ou bien utiliser la voix d’un(e) comédien(ne) voix-off dans vos modules e-learning !

Rédigé par Ophélie BOURGEON, conceptrice e-learning chez Axilos. 


Quelques sources (pour aller plus loin) :

Tricot, A (1998). Charge cognitive et apprentissage. Une présentation des travaux de John Sweller. Revue de Psychologie de l’Éducation,1, 37-64.
Comprendre le fonctionnement de la mémoire – apprendre-reviser-memoriser.fr

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